Appel à candidatures

L'appel à candidatures est clôturé.

Contexte

La littératie médiatique est constituée de l’ensemble des compétences permettant aux individus de faire un usage critique, créatif, autonome et socialisé des médias contemporains, depuis les médias de masse jusqu’aux médias numériques en réseau. Ces compétences sont considérées comme un facteur d’inclusion sociale et économique, et de participation citoyenne et démocratique. L’éducation aux médias est constituée de toutes les pratiques éducatives ayant pour objectif pédagogique le développement de la littératie médiatique des individus de tous âges, qu’elles soient menées dans le contexte de l’éducation formelle, du monde associatif, de l’industrie médiatique ou des pouvoirs publics. Elle constitue un enjeu social et politique majeur dans la société d’aujourd’hui.

Si le développement de l’éducation aux médias s’est essentiellement amorcé il y a une quarantaine d’années, la recherche sur son efficacité, et plus largement sur les niveaux de la littératie médiatique dans la population et les facteurs de son développement, s’est structurée plus tardivement, dans les années 1990. Dans le monde francophone, ce champ de recherche s’est particulièrement développé en lien avec celui étudiant les usages des médias par leurs publics, et touche un nombre croissant de recherches en information et communication.

Comment concevoir aujourd’hui une recherche de bonne qualité dans le domaine de la littératie médiatique et de l’éducation aux médias ? La question est complexe, et ne date pourtant pas d’hier. Geneviève Delaunay-Jacquinot la soulevait déjà très bien en 2002, et apportait un élément de réponse en affirmant que « La recherche en éducation aux médias apparaît comme une recherche complexe, praxéologique, contextualisée, interdisciplinaire et multi-référentielle» [1].

La recherche en éducation aux médias est en effet complexe, à commencer par la définition de son objet de recherche. Certains chercheurs ont qualifié la notion d’éducation aux médias d’« expression caméléon » car elle couvre des pratiques de tous types, souvent marginalisées, dans différentes organisations scolaires et non scolaires qui en ont des conceptions différentes et plus souvent implicites qu’explicites. Elle couvre également un large éventail de supports et de genres médiatiques au sein duquel il est parfois difficile de se positionner. C’est ainsi qu’on confond aisément recherche en éducation aux médias et recherches sur la relation des jeunes avec les médias ou encore recherche en éducation aux médias et pratiques d’éducation par les médias. La recherche en éducation aux médias est également praxéologique car bien que les notions de pratiques et de recherche doivent être distinguées, elles entretiennent des liens forts, et une bonne question de recherche ne peut se concevoir sans un état des lieux des pratiques dans le domaine. La recherche en éducation aux médias se doit d’être contextualisée : elle prend place dans des contextes techniques, sociaux, politiques, éducatifs et culturels extrêmement variés et en constante évolution. Enfin, la recherche en éducation aux médias se situe au sein de différentes disciplines comme la communication, l’éducation, la psychologie, la sociologie, etc. dans lesquelles elle doit puiser ses méthodes, qu’elles soient qualitatives ou quantitatives.

De son côté, durant les cinquante dernières années, la recherche en littératie médiatique a été confrontée à trois révolutions des médias et de leurs pratiques : la prolifération des médias audiovisuels, l’apparition d’Internet et le développement des médias sociaux sur appareils “nomades”. Ces trois vagues successives élargissent les besoins en compétences des utilisateurs, au-delà de l’esprit critique, pour atteindre ce que la philosophe Isabelle Stengers appelle « l’esprit inventif » [2] : la capacité de produire ensemble des médias qui apportent une valeur ajoutée à l’intelligence collective. Pourtant, dans la tradition scolaire, l’éducation aux médias s’est essentiellement concentrée sur l’analyse de médias textuels traditionnels en vue de développer une forme de littératie médiatique centrée sur des compétences de lecture et de compréhension critiques sur le modèle littéraire. Les recherches qui étudient le développement des compétences de production et de collaboration des élèves sont quant à elles anecdotiques et marginalisées. Aujourd’hui, le mouvement de convergence des médias semble s’accélérer, avec une présence accrue des médias dans les différentes sphères sociales (famille, école, travail). Les médias ne sont plus seulement un environnement que l’utilisateur doit comprendre et maîtriser de manière critique, mais un ensemble d’outils informationnels et sociaux, en constante évolution que chacun doit s’approprier avec expertise pour contribuer aux activités humaines collectives.

On comprend alors pourquoi, dans un environnement aussi complexe, il est intéressant de s’arrêter et de se questionner sur les dimensions de nos propres recherches : Comment poser une bonne question de recherche en littératie médiatique et en éducation aux médias ? Quelles sont les méthodes qui permettent d’y répondre ? Quelle est la finalité de telles recherches dans le monde de l’éducation, dans le monde politique, dans le monde de la production médiatique mais aussi dans le monde de la recherche ? 

Objectifs

C’est sur ces différentes questions que l’école doctorale organisée par le Groupe de Recherche en Médiation des Savoirs (GReMS, UCL) les 12, 13 et 14 septembre 2016 propose de mener une réflexion.

L’objectif de cette école doctorale est de permettre aux doctorants en information et communication dont les recherches sont liées à ces thématiques de bénéficier de l’expertise de chercheurs reconnus de leur domaine de recherche à travers des exposés théoriques et méthodologiques de synthèse, de présenter leur recherche à une assemblée composée de ces experts et d’autres doctorants et chercheurs, et de travailler collectivement à l’amélioration de leur projet avec ceux-ci.

L’école structurera ses travaux autour des quatre axes thématiques suivants :

Chacun de ces axes fera l’objet d’une demi-journée de travail, débutant chacune par deux conférences plénières données par deux chercheurs reconnus du domaine, suivies d’ateliers centrés sur les sujets de recherche des doctorants, explorant ceux-ci sous l’angle de la thématique abordée par les conférences plénières. Le mode d’organisation de l’école d’été permettra en outre de nombreuses interactions informelles entre experts et doctorants durant les trois jours.

L’école d’été aura pour langues de travail le français et l’anglais.

Soumission des candidatures

Les doctorant·e·s souhaitant présenter et discuter leur recherche doctorale lors de l’école d’été sont invité·e·s à soumettre un dossier de candidature, comprenant les éléments suivants :

Les dossiers de candidature seront envoyés, sous la forme d’un fichier unique (word ou pdf) comprenant cv et présentation, à l’adresse candidatures@limeam2016.info pour le 15 juin 2016 (nouvelle échéance) au plus tard.

Les candidat·e·s seront notifié·e·s personnellement de l’acceptation de leur participation le 5 juillet 2016 (nouvelle échéance).

La participation à l’école d’été sera gratuite pour les doctorant·e·s dont la candidature aura été retenue. Pour les chercheur·e·s (doctorant·e·s ou non) souhaitant assister à l’école d’été sans y présenter leurs travaux, des frais d’inscriptions limités (couvrant les frais des pauses déjeuner et café) seront demandés.

Notes

[1] Geneviève Delaunay-Jacquinot “La recherche en éducation aux médias”, conférence du CREDAM (Centre de Recherches sur l'Education aux Médias), Paris, 11 janvier 2002.

[2] Isabelle Stengers (2001) “Penser et vivre le risque”, Educaunet.be, http://www.educaunet.be/adulte/ref_penser%20et%20vivre%20le%20risque.htm